La guerre médiatique de la France au Sahel va forcément échouer

Il y a quelques mois de cela, à partir du Niger, tous les observateurs avertis comprenaient les décisions des nouvelles autorités du Mali et du Burkina Faso d’arrêter les diffusions de certains médias français à cause de leurs couvertures biaisées de l’actualité dans ces pays-là. Aujourd’hui que les nigériens vivent les mêmes situations, ils se rendent comptent que l’ampleur de la volonté de nuisance de ces médias est dangereusement plus important que ce qu’ils croyaient. Une expérience vécue est toujours riche en enseignement.

Ainsi, depuis les évènements du 26 juillet dernier au Niger, les médias français ont déployé toutes leurs capacités de nuisance pour tuer la volonté du peuple nigérien à prendre son destin en main. Ils ont d’abord présentés cette révolution comme étant l’œuvre d’Issoufou Mahamadou, l’ancien président du Niger, l’homme politique le plus détesté du pays, qui auraient voulu préserver ses intérêts dans le domaine du pétrole notamment. Une théorie largement propagée par des journaux porte-parole de la DGSE (services de renseignement français) comme AFRICA INTELLIGENCE, AfricMag, Confidentiel Afrique, Jeune Afrique, etc.

Ensuite, ils ont trouvé la cause dans des « règlements de compte largement ethnique », des mots lancés par Emmanuel Macron lui-même qui affiche sa volonté manifeste de dresser les nigériens les uns contre les autres. La dernière version est quant à elle portée par Sylvain Itté, l’ex ambassadeur de la France qui a été chassé du Niger parce qu’il est devenu persona non grata, qui soutient qu’il s’agissait d’une lutte contre la corruption de Bazoum qui serait entravée par les généraux qui ont pris le pouvoir.

Au-delà de la fausseté évidente de ces théories, la volonté ici, est non seulement de discréditer cette révolution en démobilisant le peuple qui soutient largement les nouvelles autorités, mais surtout de semer une confusion totale dans l’esprit des nigériens pour installer le doute et la méfiance qui aboutiront à l’affrontement dans tous les sens du terme. Bien évidemment le Niger de 2023 n’est pas le Rwanda de 1994. À cette époque et dans cette contrée de l’Afrique, la France a été complice d’un génocide dont mêmes les chiffres officiels rapportent un million de morts. Selon les mots de Jean-Hervé Bradol, à l’époque responsable des programmes de MSF France au Rwanda, « les gens […] qui mettent en œuvre cette politique planifiée, systématique d’extermination sont financés, entraînés et armés par la France. »

Ce génocide n’a pu être possible qu’avec la complicité active des médias français et le soutien sans faille de la France à la Radio Télévision Libre des Mille Collines. En effet, la RTLM permettra aux extrémistes hutus de propager leurs appels à la haine raciale. Durant les 100 jours que durera les massacres, elle incitera quotidiennement la population hutu à faire son travail, terme qui faisait référence au massacre des tutsis. Les animateurs de cette Radio signalaient aux citoyens le nom et la localisation des victimes tutsis et incitaient la population à effectuer rapidement son travail. Il n’a pas été étonnant de savoir que la plupart des génocidaires ont trouvé refuge en France. Après ce crime, de manière absolument honteuse, ces mêmes médias ont présenté le pays le plus lourdement engagé aux côtés des organisateurs du génocide en position de sauveur.

Transformer les bourreaux en victimes, demeure une spécialité des médias français. En effet, actualité oblige, depuis l’invasion de la Palestine par l’entité sioniste, les médias occidentaux en général, et les français en particulier ont gardé une constance dans la diabolisation de la résistance palestinienne. Tout est fait pour faire oublier qu’il s’agit d’une résistance légitime d’un peuple qui s’est réveillé un triste matin avec des envahisseurs qui veulent les chasser de leurs terres.

Et l’attaque courageuse et légale de ce samedi 7 octobre 2023 lancée par le peuple palestinien contre les forces d’occupation israéliennes est présentée à presque l’unanimité des médias français, de gauche comme de droite, comme étant « terroriste ». Macron promet même d’aider Israël à riposter, avec bien sûr les méthodes qu’on connait de cette entité sioniste qui massacre sans distinction enfants, femmes et personnes âgées. Les mêmes acteurs gardent l’immobilisme face à la “punition collective” opérée par Israël depuis 2007 à travers le blocus de la bande Gaza. Depuis cette date, les habitants de cette bande vivent dans une prison à ciel ouvert, privés de vivres, d’électricité, d’eau potable, d’activités et de mouvements.

Et de façon générale c’est toute la Palestine qui vit le martyr depuis 1948, date de l’invasion de leurs terres par des colons soutenus par ce qu’on appelle la « communauté internationale ». Une « communauté » qui veut faire le bonheur des uns par le malheur des autres. Est-il étonnant qu’un peuple meurtri par plusieurs décennies d’injustices puisse un jour se révolter et afficher sa détermination à faire face aux envahisseurs ? Telles sont les aspirations du peuple palestinien.

Telles sont aussi les aspirations des peuples du Sahel. La guerre médiatique honteuse menée par les médias français ne changera rien à ce cheminement.

En effet, depuis la révolution au Niger et la mutualisation des efforts avec le Burkina Faso et le Mali pour éradiquer définitivement le vrai terrorisme, il est odieux de constater que les médias français exagèrent le nombre de morts des vaillants soldats du Sahel, en gardant le silence total sur les chiffres inédits de terroristes tués. Pour les peuples du Sahel, cette posture n’est point étonnante : ces terroristes sont recrutés, formés et financés par la France, donc il n’est pas agréable pour ces médias d’évoquer les pertes côtés amis. Cette guerre médiatique s’intensifie au fur et à mesure que les terroristes sont sous pression : la marche inexorable des Forces Armées Maliennes pour récupérer une partie de son territoire fait l’objet de toute une campagne de désinformation. La même désinformation est savamment orchestrée par les mêmes entités sur le moral des soldats burkinabé qui mettent largement en difficulté les forces du mal, en évoquant une prétendue division en leur sein.

Cette semaine encore, après la courageuse sortie médiatique du ministre nigérien de l’Intérieur sur les manœuvres clairement diabolique de la France, une fausse traduction de son intervention en Zarma a été véhiculée pour noyer son message. Ce n’est pas le lieu ici de faire le fact-checking de toutes les manœuvres de désinformation de la françafrique, il faut juste rappeler qu’elles sont multiples et multiformes. La guerre médiatique de la France est en branle au Sahel, dans ce qu’elle peut engendrer de pire. En face, la détermination des peuples longtemps meurtris et spoliés qui veulent affirmer leur souveraineté sur leurs terres.

Pour finir, deux constats s’imposent face à cette guerre :

  • Les peuples du Sahel qui sont majoritairement croyants garderont en esprit ces mots du Saint Coran : « Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. » (Sourate 49, Verset 6).
  • Aujourd’hui pour les populations du Sahel, même un mensonge de Kémi Seba, de Natalie Yamb ou de Dr Franklin est  plus crédible que 1 000 vérités d’Emmanuel Macron, de RFI ou  du journal le Monde.

Cette guerre médiatique de la France au Sahel va forcément échouer.  

Zas

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