Depuis quelques jours le débat sur l’habilité de certains acteurs à soutenir la nouvelle marche du Niger occupe les esprits. D’emblée, il faut rappeler que le Général Tiani, dès son premier discours à la nation du 28 juillet 2023 justifiait la prise du pouvoir par le CNSP, entre autres et à juste titre, du fait de l’exclusion d’une partie des nigériens de la sphère publique opérée par l’ancien régime. Le peuple a aussitôt été sensible à cet argumentaire à travers le soutien massif apporté à la transition. Les nigériens ont été longtemps bâillonnés par un clan qui impose son idéologie à travers une terreur impitoyable. Il apparait évident aujourd’hui que le peuple nigérien ne peut pas pousser le CNSP à retourner dans les mêmes travers en voulant entraver les voix de certains nigériens, qui mieux, affichent leurs soutiens à la transition. « Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous- mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre? Êtes-vous donc dépourvus de raison ? » (Coran Sourate 2, verset 44).
Ainsi donc, les soutiens de la première heure ne peuvent pas dénier à certains nigériens le droit de soutenir la nouvelle dynamique du pays au nom de leur passé. Parce que ceux-ci ont aussi le droit de reconnaître leurs fautes passées et de revenir dans le cheminement présent. Aussi longtemps que les activités qu’ils mèneront ne seront pas subversives, on ne peut douter de la sincérité de leurs intentions. Il faut concéder aux nouveaux arrivants qu’ils peuvent opérer un examen de leurs consciences pour prendre le train en marche face aux multiples avancées que connait le Niger depuis la chute de l’ancien régime. Parce que si le peuple refuse aux partisans du pouvoir déchu de joindre les rangs de la nouvelle marche du pays, une bonne partie des membres du CNSP ne seront plus crédibles à nos yeux, du fait qu’ils ont aussi servi ces anciens régimes.
Bien évidemment, la société civile qui a apporté son soutien indéfectible dès les premières heures des évènements du 26 juillet mérite aujourd’hui tous les honneurs et la pleine reconnaissance de toute la nation. Ces acteurs ont bravé toutes adversités, en se plaçant même comme boucliers humains, pour que cette révolution aboutisse, que le Niger prenne le train de la souveraineté, de la dignité et du développement. Ils inscrivent leurs noms et leurs actions sur les pages les plus visibles de la nouvelle marche de l’histoire du Niger.
Par ailleurs, si les nigériens estiment qu’il y a parmi les nouveaux acteurs qui soutiennent la transition ceux qui sont comptables de la mauvaise gestion des anciens régimes, il faut se rappeler que » Nous avons fait le serment de mettre l’État dans ses droits. Pas de répit ni de pitié pour ceux qui ont spolié les biens de l’État. Nous avons instruit la ColDEFF à travailler en toute transparence tout en respectant le droit des uns et des autres » (le Chef de l’État, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, lors du discours à la nation à l’occasion de l’anniversaire de la Proclamation de la République du Niger du 18 décembre 2023). Ainsi, ceux qui soutiennent le CNSP, qu’ils soient des nouveaux arrivants ou même les partisans de la première heure tomberont de leurs illusions lorsque les dossiers de la ColDEFF à leur encontre les enverraient derrière les barreaux. Sur ce point les choses sont claires et nous ne doutons point des engagements de notre président.
S’il est vrai qu’il faut combattre les idées et les activités qui portent atteinte à la sûreté de l’État, nous avons besoin aujourd’hui dans la nouvelle marche de notre pays d’encourager l’expression de toutes les voix, même nuancées, pour prendre en compte toutes les préoccupations. Les nouveaux acteurs de la société civile sont les bienvenus s’ils inscrivent leurs actions dans le sens de la nouvelle vision issue de la volonté du peuple nigérien. En tant qu’êtres humains nous n’avons d’autres repères que de juger nos semblables à travers leurs actions apparentes. Ceux qui viennent avec des bonnes intentions affichées marcheront à nos côtés, ceux qui cherchent à semer le désordre et à remettre en cause notre nouveau cheminement feront face aux rigueurs de la loi.
En vérité, il faut reconnaître que toute cette confusion sur les nouveaux soutiens au CNSP est savamment instrumentalisée par les fanatiques de l’ancien Président Bazoum qui, il faut le reconnaître, mènent une campagne très efficace d’intoxication pour créer le chaos au Niger. Sur les réseaux sociaux ils usurpent tantôt le titre des premiers soutiens, tantôt celui des nouveaux arrivants, pour installer la confusion et le doute dans l’esprit des nigériens. Ces terroristes d’un nouveau genre mobilisent beaucoup de moyens, avec des soutiens extérieurs, pour leurs objectifs morbides. Pourtant, en regardant avec le minimum de lucidité les actions des nouvelles autorités du Niger, il apparaît évident qu’elles ne roulent que pour les intérêts du seul peuple nigérien : toutes les actions qu’elles posent chaque jour depuis 5 mois sont à l’extrême opposé de ce qu’a tissé le régime déchu pendant plus de 12 ans. L’ancien Président Mahamadou Issoufou qui fait l’objet de toutes les crispations est en résidence surveillée, comme Bazoum, depuis les premières heures des évènements du 26 juillet dernier, et ne sera absolument pas épargné par le travail de la ColDEFF. S’il avait été l’homme aux supers-pouvoirs qui manipule tout et tout le monde, il est aujourd’hui devenu un acteur qui cherche vainement à sauver sa peau.
Il est temps de comprendre que les affaires de l’État ne se gèrent pas avec l’émotion, comme l’ont fait à leur dépend certains chefs d’État de la CEDEAO. Aujourd’hui nous avons besoin de nous rassembler sur l’essentiel: construire une nouvelle nation souveraine qui fera le bonheur de ses enfants. Mettons-nous au travail séance tenante et avançons pour la grandeur du Niger, en laissant derrière nous toutes ces guéguerres de positionnement. Nous avons besoin plus que jamais de redoubler de vigilance pour éviter les divers pièges que nous tendent les ennemis de cette dynamique qui veulent faire éclater ce pays pour continuer à conserver leurs intérêts égoïstes.
Zas